Tori, juillet 2018

Rencontre avec Guillaume Chogolou,
Président de l’association béninoise AADR (Action d’Aide au Développement Rural)

Informations et échanges sur la Ferme de Tori,
le Château d’eau, la réalisation de l’école Houngo et le projet de poules pondeuses

Mercredi 4 juillet 2018 à Crécy-la-Chapelle, 20h30, Salle Altmann

Guillaume Chogolou, tout récemment arrivé de Cotonou, a commencé par un bilan détaillé et illustré de l’activité de la ferme qui a atteint son objectif puisqu’elle est autonome depuis 2016 et fait vivre plusieurs familles :

Travaillent sur la ferme : Amadou et son épouse, Malraux, Justin, Bienvenu, David. Ils sont encadrés par François, Maurice, Blaise et Guillaume. Sylvain qui était depuis l’origine sur l’exploitation a quitté, s’est marié et a maintenant sa propre ferme. Justin et Bienvenu ont été formés à Songhaï (ferme modèle qui forme de nombreux jeunes).

« L’Organisation Non Gouvernementale (ONG) « Songhaï » est une Association de développement et d’innovation. Avec son approche intégrée, elle vise à relever radicalement et d’une manière systémique les multiples défis (agriculture / sécurité alimentaire, transition démographique/emploi des jeunes, santé et environnement) auxquels les pays africains sont confrontés dans leur lutte à atteindre une économie durable et une croissance rurale. » – www.songhai.org

Amour, un guide de la ferme Songhaï à Porto-Novo, a été invité à la ferme par Guillaume et apporte son expertise.
– Le troupeau de bovins atteint 43 têtes et est « complet » depuis quelques années. La vente de bêtes pour la boucherie concerne les taureaux qui ont tendance à se battre entre eux, les vaches qui ne peuvent plus se reproduire et plus rarement les veaux engraissés. Il n’y a pas de castration pour engraisser des boeufs. Amadou, le vacher, s’occupe du troupeau depuis 7 ans. Il a embauché un jeune parent, Boubé qui fait avec lui son apprentissage et qu’il rémunère. Amadou a 3 enfants (2 garçons et une fille) et élève la soeur de sa femme. Aucun ne fréquente l’école. Peut-être celui qui a 3 ans sera-t-il scolarisé. Sa belle-soeur aide sa femme à la maison et pour la fabrication des fromages, Amadou forme son fils aîné au métier d’éleveur.
La traite du matin donne 10 à 25 litres de lait qui est vendu frais à la ferme ou sous forme de fromages sur place et au marché du matin (à environ 800 m de la ferme).
Les bêtes sont actuellement au piquet quand Amadou les rentre des pâturages. La ferme a connu plusieurs enclos : le premier était provisoire, le second doublé d’une clôture électrique n’a pas résisté à l’énergie des bêtes tout comme le troisième pourtant réalisé en dur : en effet, les bêtes sont très bagarreuses et démolissent… L’équipe des responsables de la ferme réfléchit à une nouvelle solution !

– La porcherie a connu une vente il y a une semaine. Actuellement il reste 2 truies nourrices avec de nombreux porcelets. Un renouvellement de race (pour un meilleur engraissement et une résistance plus forte) est prévu et sera effectif dans une semaine. La ferme a des clients fidèles.

– Quant aux lapins, ils sont vendus sur place. La moyenne des ventes est de 50/ mois et plus encore au moment des fêtes. Il y a particulièrement 2 clientes fidèles : l’une vend des produits bio et lautre ne se nourrit que de lapins (ou presque !). Certaines familles en achètent 5, 10 … et les congèlent.

– Dans les 4 bassins de {{pisciculture}}, il y a plus de poissons-chats que de carpes. Ceux-ci sont très prisés des Nigérians et sont séchés, fumés… et vendus sur place ou au marché de Cotonou (deux pêches par an).

– Les pintades sont au nombre d’une vingtaine, domaine de François, ainsi que les quelques canards

– Le maïs est cultivé au moment de la saison des pluies par Amadou et Malraux. Quant au manioc, destiné aux porcs, il pousse plus lentement – 8 mois environ.

– A la fin de production des papayers, ceux-ci ont été remplacés par des cultures maraîchères. Le sol est fertilisé par des bouses et autres engrais naturels. Les plants sont produits sur place, repiqués : choux, salades, concombres, tomates, légumes divers …

– Les lauriers se développent – environ 150 pieds. Les feuilles sont très utilisées dans la cuisine locale.

– Les 10 ruches sont le domaine de François.

– Le château d’eau est très utile pour la ferme (eau potable pour les habitants et les animaux, mais aussi certains arrosages). Des femmes gèrent la distribution aux habitants moyennant 15 ou 25 CFA (2 à 5 centimes d’euro) selon la quantité achetée.

L’influence de la ferme :
L’environnement se développe : il y a plus de population, constructions et cultures (champs d’ananas, par exemple). Des personnes viennent regarder, se faire conseiller, prendre exemple. Une église évangélique a été construite face au château d’eau !

L’avenir :
La ferme présente une belle variété d’activités qu’il faut maintenir et diversifier. Le troupeau de bovins a atteint son niveau maxi, tout comme celui des lapins. Pour les porcs, la perspective en ce moment est de changer de race pour essayer des espèces qui se développent et s’engraissent mieux. C’est en effet au poids que les porcs se vendent et plus ils sont gros, mieux ils sont vendus !
L’étude d’un poulailler pour poules pondeuses arrive à son terme et cet élevage devrait bientôt devenir réalité ! Pour le développement de cette activité, il est prévu l’embauche d’un nouvel employé formé, car cela nécessite beaucoup de soins, beaucoup de travail et une présence quasi permanente.
Les lauriers se développent bien. S’ils sont actuellement cultivés pour les feuilles, un projet d’usine chinoise d’extraction de l’huile essentielle donnerait un débouché supplémentaire.

L’école Houngo
La construction de 2 classes ainsi que les fondations de la 3ème sont réalisées. Après la pose de la 1ère pierre le 23 janvier 2018, la construction a commencé courant février et a été terminée fin avril. La remise des clés officielle eut lieu le 9 mai, un beau bâtiment, une construction soignée et de sincères remerciements de la part des parents d’élèves, des élèves, de Marcellin, le directeur. Ce défi a été relevé grâce à la générosité des membres de ABB et au soutien de AADR (études des devis, présence sur le chantier…).
L’école élémentaire au Bénin compte 6 niveaux : de la classe d’intégration (initiation à la langue française – grands maternels en France) au CM2. A l’école Houngo, seuls 3 enseignants diplômés sont en poste. L’association des parents d’élèves palie au manque d’enseignants en embauchant des « stagiaires ». Il n’y a donc actuellement que 5 enseignants, le directeur assurant les CM1 et CM2. La construction d’une 6ème salle serait un appel à créer la dernière classe, le nombre des élèves étant très élevé.

Après toutes ces informations appuyées par des photos, chacun a posé des questions, puis autour du verre (et gâteaux) de l’amitié, échangé avec Guillaume Chogolou.

Un groupe se rendra au Bénin en décembre 2018 : visite à la ferme et découverte de certains visages du Bénin.


















Vous aimerez aussi...